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    Politique fiction : 2018, l'odyssée des "drogues propres"

    TonyLibertaire
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    Message  TonyLibertaire Mar 10 Fév - 20:51

    Par Arnaud Aubron

    (De 2018) C’était presque de la nostalgie. Il faut dire qu’une tonne de cannabis dans un go-fast, on n’avait plus entendu un truc pareil depuis un petit moment. J’en étais récemment venu à me demander si le Maroc exportait encore un peu d’or vert. La dernière saisie du genre doit bien remonter à une dizaine d’années, ça avait donné à Sarkozy, qui se remettait à peine de sa première élection à l’Elysée, une nouvelle occasion de pérorer.

    C’est qu’aujourd’hui, les saisies de hasch se font rare. Comme les fumeurs d’ailleurs. Si l’on en croit le ministère de la Santé, en dix ans, les Européens ont divisé leur consommation par deux. Idem pour l’héroïne et la cocaïne.

    Mais comme « un monde sans drogues n’existe pas » et que la nature a horreur du vide, dans le même temps, la consommation des désormais fameuses « clean drugs » (ou « drogues propres ») a, elle, sextuplé. Tout va très bien madame la marquise, dans la France de 2018, on se drogue toujours autant. Mais on se drogue légal. National. Médical.

    Un demi-siècle après que l’expression fut forgée par Nixon alors que l’Amérique ramassait à la petite cuillère des GI de retour du Vietnam les valises bourrées d’héro, la « guerre à la drogue » aurait-elle finalement vu la victoire de l’Occident?

    Si les pays riches n’ont pas « éradiqué les plantes à drogues de la surface de la Terre », comme l’avait promis le président Clinton à l’ex-ONU en 1998, ils ont toutefois obtenu des progrès spectaculaires. Les plantations de cannabis, de coca ou de pavot à opium sont en recul dans presque toutes leurs zones de culture traditionnelles. Au point de poser de graves problèmes financiers dans des pays comme l’Afghanistan ou le Mexique, devenus de véritables narco-Etats dans les premières années du XXIe siècle.

    Aujourd’hui, seuls quelques pays comme les Pays-Bas continuent à entretenir une production locale de cannabis. Mais à échelle artisanale, pour les nostalgiques et les touristes sexagénaires toujours friands du kit gouda-pétard-seth de leur jeunesse.

    Orange pour danser, blanche pour se calmer, violette pour discuter…

    Faites le test [ceci n’est qu’une expression, l’auteur de ces lignes ne vous encourage nullement à contrevenir à la loi, ndlr]: proposer un joint à un jeune de nos jours revient à offrir du foi de veau à un végétarien.

    A tel point que l’interdiction de la vente libre du papier à rouler est entrée en vigueur l’année dernière dans l’indifférence la plus totale. A l’heureuse surprise du gouvernement.

    Comment expliquer ce « miracle »? Là où militaires et policiers se sont cassé les dents pendant des décennies, l’armée pharmaceutique a fait des merveilles.

    Orange pour danser, blanche pour se calmer, violette pour discuter, bleue pour nager, noire pour sauter le déjeuner… à chaque moment de la journée sa « drogue propre », selon l’expression popularisée par les communicants de labos surfant sur la vague hygiéniste du début du siècle.

    Inutile de demander à votre médecin, il ne peut qu’être pour. La fine fleur de la recherche française vous garantit des produits sans effets secondaires. Adieu bad trip, descentes cafardeuses et insomnies, tout est aujourd’hui pensé pour que le bien-être le dispute au bien-être.

    Et puis, comme on dit: « Si ça faisait pas du bien, ce serait pas des médicaments, ce serait de la drogue »; « ça se trouverait pas chez le docteur mais chez le dealer ». Les pilules sont aujourd’hui si discrètes, sûres et dosées au millimètre que l’on en vient à se demander comment la génération Kate Moss a pu se contenter de « lignes » de coke pleines de « grumeaux » et coupées au sucre vanillé. A la fin du XXe siècle, la cocaïne en vente dans la rue n’aurait contenu que 10% de cocaïne pure…

    Ç’avait commencé avec les corn flakes à la Ritalin

    En 2008, 10% des jeunes Américains étaient sous Ritalin, la première des « clean drugs » à avoir été utilisée à grande échelle, pour soigner des « troubles de l’attention ». Sa version moderne est aujourd’hui consommée par plus d’un enfant sur deux. Directement ou dans des éléments enrichis: les corn flakes à la Ritalin représentent désormais 27% des ventes de Kellogs dans le monde!

    Pour les parents, l’objectif est clair: avoir la paix. Et le résultat est là: les trois quarts des parents d’enfants sous Ritalin disent ne plus avoir à s’occuper du tout de leur progéniture. Soit dix heures de loisirs en plus pour un couple avec deux enfants.

    Impressionnant, lorsqu’on se souvient qu’il y a encore dix ans, la délinquance des mineurs était l’un des soucis majeurs des Français, et que les jeunes squattaient les cages d’escalier pour y vendre de la drogue…

    Sur ce terrain-là aussi, les résultats sont frappants. La Ritalin semble avoir réussi à mettre un terme à l’agitation dans les banlieues plus sûrement que toutes les compagnies de CRS réunies.

    Non seulement les drogues propres ont asséché un marché illicite déjà chancelant, mais l’engouement des jeunes désoeuvrés pour des produits capables d’annihiler purement et simplement le sentiment de lassitude ou de révolte, a permis de pacifier les barres HLM.



    Idem pour le Viagra, « le » blockbuster historique des « clean drugs ». A New York, évoquer la perspective de rapports sexuels sans Erosa -la nouvelle formule du Viagra qui stimule non seulement l’érection chez l’homme mais également la libido chez la femme- soulève autant d’enthousiasme qu’une salade rutabagas-topinambours. C’est bio. Mais c’est pas bon.

    Selon le magazine J’assume mes plaisirs, les Français auraient en moyenne des rapports sexuels deux fois plus fréquents depuis que l’Erosa est remboursé par la Sécurité sociale sans ordonnance (résultat d’un hallucinant « cadeau » du ministre de la Santé sortant à l’industrie pharmaceutique). Et le marché n’est pas prêt de se tarir: l’âge moyen de la première prise est tombé à 13 ans.

    Jusqu’à 20% de productivité en plus

    Au bureau, la pression sociale s’est également faite de plus en plus forte. Selon les résultats de plusieurs audits concordants, un salarié a une productivité accrue de 20% dans les six heures qui suivent une prise de Workfast, un dérivé d’amphétamine et de betterave synthétique, dernière née des drogues propres.

    Avec deux prises par jour, un salarié peut donc assurer une journée moyenne (11,45 heures en 2017 en France) de production par semaine. Et pas besoin de perdre du temps à courir les pharmacies pour vous en procurer, depuis deux ans, certains médecins d’entreprise sont autorisés à les délivrer sur le lieu de travail.

    Difficile, dans ce contexte, d’expliquer à votre patron que votre religion ou votre maman vous l’interdisent. Les syndicats s’en émeuvent. « Depuis la distribution de Workfast en entreprises, les heures supplémentaires ont triplé et les patrons n’ont plus besoin d’embaucher pour les surcroîts de travail », s’inquiète le leader de la Confédération du bonheur au travail (CBT).

    La semaine dernière, un patron a obtenu gain de cause en Justice contre l’un de ses salariés qui refusait de monter sur un échafaudage après avoir pris du Workfast, prétextant que cela altérait son sens de l’équilibre. « A en croire la notice, rien ne laisse à penser que le Worfast altère un quelconque sens », a tranché la cour qui a condamné l’ouvrier à être déchu de ses droits au chômage et à la Sécu.

    Pendant ce temps, à Palavas-les-Flots, un croupier de casino a tenu une table 72 heures d’affilée sans que quiconque ne s’en émeuve. Arrivé à l’hôpital, il a admis avoir ingéré trois tablettes de Workfast. Près de dix fois la dose prescrite!

    Mais ces problèmes restent l’exception d’après des autorités sanitaires pas très soucieuses d’en savoir plus. Il faut dire qu’économiquement, c’est « la » poule aux oeufs d’or. Comme si toute l’économie des drogues avait, d’un coup de baguette magique, été réintégrée dans l’économie légale. Emplois et impôts à la clé.

    Un cas unique de délocalisation, du Sud vers le Nord

    Depuis le début du XXIe siècle, le renforcement progressif des frontières liés à la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme a obligé les trafiquants internationaux à développer des trésors d’imagination pour atteindre les consommateurs du Nord. Et à dépenser de plus en plus pour s’assurer que les différentes forces de sécurité détournent le regard. Résultat de cette inflation sécuritaire: les prix dans la rue ont explosé.

    Rapidement, les consommateurs se sont tournés vers des produits synthétiques dont le rapport coût/efficacité était devenu bien supérieur. Autre atout: l’ensemble de la production peut se faire au plus près des principales places de consommation, dans les grandes capitales du Nord.

    Un plus depuis la hausse vertigineuse des prix du carburant. Peut-être les historiens de l’économie analyseront-ils un jour ce premier cas de délocalisation industrielle du Sud vers le Nord.

    En moins d’une décennie, les cartels pharmaceutiques ont fait main basse sur le trésor des cartels de la drogue. Seules armes: le marketing, la recherche et développement. Et le droit, car l’interdiction de consommation de drogues issues des PTVD (les Pays toujours en voie de développement) n’est pas pour rien dans ce retournement du marché. Le jeu en valait la chandelle: le marché global était estimé par l’OCDE à 2000 milliards d’euros en 2017.

    Dans ce paysage florissant, la France n’est pas en reste, grâce à la longue tradition de surconsommation d’anxiolytique et autres somnifères de nos concitoyens. Grâce aussi à une pyramide des âges qui surreprésente des sexagénaires riches, élevés à l’herbe et à l’ecstasy et qui cherchent aujourd’hui à se droguer « relax », sans speed ni risques, en regardant la télé ou pour maximiser ses performances au Scrabble numérique. Un marché en pleine expansion.

    Cerise sur un déjà bien beau gâteau: le marché des substituts et des cures de désintoxication, entièrement contrôlés par les mêmes labos à destination des individus identifiés comme non-adaptés à la prise de drogues propres. Une cerise de 300 milliards au bas mot. Dont l’ampleur dépend quasi uniquement de l’ardeur répressive du gouvernement, premier prescripteur de cures obligatoires.

    Toujours prêtes à s’adapter à des marchés par nature changeants, les mafias internationales, elles, se sont redéployées sur le trafic d’énergie, qui rapporte aujourd’hui plus que le sexe et les jeux réunis. Dans l’imaginaire populaire, les trafiquants de pétrole, charbon et autres matériels radioactifs ont désormais pris la place du méchant-que-l’on-aime-haïr jusque-là dévolue aux fils spirituels d’Escobar.

    Reste le marché des contrefaçons de clean drugs, qui se sont un temps multipliées dans le Sud-Est asiatique. Mais la guerre des subventions aux exportations pharmaceutiques entre Bruxelles, Washington et Pékin rendent ce créneau beaucoup moins attrayant que par le passé.

    Des gouvernements occidentaux euphoriques

    Quarante ans après Christiane F. et les overdoses d’héroïne dans les rues, avoir « vaincu la drogue », ça fait chic sur un bilan gouvernemental! Prière donc de ne pas noircir ce charmant tableau en abordant la question des dégâts potentiels de sociétés aujourd’hui totalement sous l’influence de l’industrie pharmaceutique.

    Car côté santé, étonnamment, alors que le cannabis a été passé au microscope sous toutes ses coutures pendant plus d’un siècle sans qu’aucun résultat tangiblement alarmant ne soit jamais apporté, les pouvoirs publics ne semblent pas pressés de diligenter des enquêtes sur l’utilisation de clean drugs dont les « effets positifs sur le corps social » sont salués de Johannesbourg à Mumbai en passant par Paris.

    Consécration l’année dernière: l’inventeur de la Ritalin s’est vu décerner le Nobel de médecine pour son « apport au traitement chimique des déviances et pathologies sociales ».

    Mais si les prisons se vident, les hôtels psychiatriques, eux, se remplissent. Officiellement, personne n’a établi de lien de cause à effet entre l’abus de « clean drugs » et l’augmentation des cas de « burn out » et d’enfermements forcés consécutifs depuis une dizaine d’années. Et le serpent se mord la queue puisque les mêmes sont soignés grâce à d’autres clean drugs, aux effets tout aussi garantis par les fabricants.

    En privé, les personnels psys sont formels: une majorité des clients qui leur sont envoyés par les forces de l’ordre moral ont pour point commun d’avoir, à un moment ou à un autre de leur vie, abusé de drogues décidément peut-être pas si propres.

    Autre ombre au tableau, aux Etats-Unis, un grand procès pour discrimination doit bientôt opposer le cartel des industries pharmaceutiques à des associations d’aveugles et daltoniens victimes d’accidents liés à la prise de pilules de mauvaise couleur aux effets très différents.

    A Kansas City, un avocat aveugle s’est mis à danser au beau milieu d’un procès pour meurtre après avoir confondu des pilules achetées la veille en club et sa dose de Workfast.

    Pour étayer leur défense, les industriels travailleraient actuellement à des comprimés identifiables au toucher. Un enjeu de taille pour une industrie qui pourrait avoir du mal à se remettre de se voir condamnée comme un vulgaire dealer par la justice.



    Ca rappelle vachement le "sauma", la drogue légale et non-dangereuse décrite par Adlous Huxley dans Le Meilleur des Mondes...

      La date/heure actuelle est Dim 28 Avr - 10:00