Lors du précédent Congrès de Reims, Jean-Luc Mélenchon, suite au vote des militants, qui attribuaient notamment 29 % à la motion de Gérard Collomb, prônant une alliance avec le MoDem, et ainsi environ 51 % aux motions majoritaires A et D, déçu par le score de la motion C, qu'il soutenait, décide, avec le député Marc Dolez, de quitter le Parti Socialiste. Excédés par la ligne majoritaire qu'ils qualifient de "social-libérale" , les deux hommes décident ainsi de créer leur propre parti, qu'ils appelleront le Parti de Gauche ; ils sont rejoints par la suite par des personnalités du Parti Socialiste, telles que l'altermondialiste Franck Pupunat, ou du MRC, tel que le sénateur François Autain. Le parti nouveau-né a officiellement été lancé le 29 novembre dernier à St Ouen. 3040 personnes y ont assisté. Parmi elles, des personnalités telles que le socialiste Pierre Joxe, la communiste Clémentine Autain, l'économiste Jacques Généreux, la verte Martine Billard ou le journaliste centriste Jean-François Kahn. L'invité d'honneur en était Oskar Lafontaine, leader du parti politique allemand Die Linke, qui fut l'inspirateur du nouveau parti.
Depuis, le Parti de Gauche ne cesse de prendre de l'ampleur. Il se montre, s'illustre, donne de la voix ; sa volonté récente de créer un grand Front de Gauche pour les européennes - lequel, censé au départ regrouper de trois formations majeures, à savoir le Parti de Gauche, le Parti Communiste et le Nouveau Parti Anticapitaliste, ne se constituera finalement qu'autour de Marie-Georges Buffet et de Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot ayant choisi de faire bande à part -, son investissement dans les récentes manifestations en témoignent. Il serait donc mensonger de ne pas constater que ce nouveau parti pourrait devenir une force d'ampleur dans le paysage politique. Mais qu'est-ce que réellement le Parti de Gauche ? Que propose-t-il de différent ?
Tout d'abord, le Parti de Gauche ne prétend pas proposer de doctrine nouvelle. Il se définit comme un parti "creuset", dans lequel " socialistes, communistes, écologistes et républicains mêlent " l'histoire de leurs formations politiques " pour faire du neuf ". Mélenchon a même d'ailleurs affirmé " nous sommes tous des libertaires à notre manière ". Le parti adopte ainsi une ligne politique clairement antilibérale, et propose ainsi une remise en cause du système capitaliste, qu'il présente comme un système injuste par essence. La formation souhaite ainsi mettre en quarantaine le social-libéralisme, afin de proposer une nouvelle majorité politique de gauche. Cependant, Mélenchon précise que, malgré leurs divergences certaines avec des partis comme le PS qu'ils jugent trop concessifs vis-à-vis de la droite, notamment, et surtout, sur les questions économiques, leurs adversaires ne sont pas à gauche. "C'est la droite notre adversaire ! " déclare le sénateur.
On peut donc définir le Parti de Gauche comme un trait d'union entre la gauche réformiste et l'extrême-gauche révolutionnaire. Car le PG, contrairement au NPA, n'est pas un parti révolutionnaire. Ou plutôt, c'est un parti qui souhaite une "révolution par les urnes". Car le PG se définit bel et bien comme un parti de gouvernement. Un parti qui gouvernerait non pas seul, mais au sein d'une « nouvelle majorité politique » construite à partir d'un « front de gauche ». Le concept de " révolution par les urnes" , que je trouve passionnant, avait déjà était appliqué avec succès par le président socialiste chilien Salvatore Allende dans les années 70. Lequel Allende avait malheureusement été assassiné par Pinochet, qui reçut un soutien honteux de Richard Nixon, le président des Etats-Unis ...
Les axes politiques majeurs définis par le parti, les principaux chantiers qu'il mettrait en oeuvre une fois arrivé au pouvoir seraient :
- L'inversion du partage des richesses entre le capital et le travail.
- L'instauration d'une planification écologique pour engager la transition entre le modèle de consommation et d'échange actuel et le modèle de développement écologique.
- La refondation républicaine et laïque des institutions et de la société avec le passage à la sixième république parlementaire.
- L'abandon du modèle de construction libérale de l'Europe et du Traité de Lisbonne.
Car c'est bien d'une " Europe sociale, démocratique et pacifique" dont rêvent Mélenchon et Dolez, et non pas d'une " Europe libérale " , qu'ils condamnent au travers de leur refus du traité de Lisbonne. C'est d'ailleurs le modèle que défend le Front de Gauche en vue des prochaines élections européennes, qui auront lieu le 7 juin prochain. Lequel pourrait bien être largement favorisé par la colère de la population française vis-à-vis de la gestion désastreuse de la crise par le gouvernement, qui ne semble pas souhaiter interrompre la mise en place impitoyable de ses réformes antisociales.
Personnellement, je suis très heureux de la création de ce Parti, qui rejoint tout à fait mes idées. Mélenchon est par ailleurs un homme courageux, un lettré, dont les idées et la vision politique représentent une perspective d'avenir fort intéressante.
Dernière édition par Vilyoom le Mar 14 Avr - 20:18, édité 1 fois