Né à Adernach (Allemagne) le 16 aout 1920, le jeune Bukowski émigre aux Etats-Unis avec sa famille à l'âge de 2 ans. Ecrivain et poète, alcoolique et obsédé sexuel, autodestructeur et chaotique, éternel solitaire et nihiliste, il est l'une des légendes de la littérature américaine du XXème siècle, un artiste de génie dont l'ombre plane encore sur la production littéraire outre-Atlantique. Son enfance est rythmée aux coups que son père leur inflige à lui et sa mère : Hank en gardera un dégoût à vie de la soumission de la femme. Son père, qui refuse d'admettre son propre échec social, interdit à son fils de fréquenter les gosses du quartier, trop pauvres et donc pas assez bien à ses yeux. Hank se réfugie très tôt dans une première passion, le base-ball. Adolescent, il est atteint d'une crise d'acnée très violente, qui le recouvre entièrement de pustules. Moqué par ses camarades, rejetté par les filles, il se réfugie dans l'écriture et la poésie, et adopte un goût prononcé pour la solitude ainsi qu'un fort sentiment de sympathie envers toutes les formes d'associaux. Avec un ami dont le père alcoolique possède un grand nombre de tonnelets de vin, Hank découvre les plaisirs de l'ivresse : c'est le début de son alcoolisme, très tôt. A 16 ans, rentré ivre d'une virée, il se trouve nez à nez avec son père, qui l'insulte copieusement. Hank lui colle un pain et le met KO, ce qui est un évènement charnière dans sa vie : désormais, il est seul face au monde entier, et n'en a plus peur. Il entame un cursus de journalisme et refuse de s'engager durant la Seconde Guerre Mondiale, vivant de petits boulots minables dont il se fait très rapidement viré : magasinier, postier,... Il traîne dans les bars et ramène fréquemment des jeunes filles ivres chez lui, à la recherche désespérée de satisfaire ses désirs jaillissants de sa frustration lorsqu'il était adolescent. Il se met à écrire de plus en plus fréquemment, de plus en plus frénétiquement. Ses textes parlent de misère, de jobs de merde, de femmes, d'alcool et d'errance. Il ne parvient pas à se faire publier dans les revues littéraires, et poursuit sa vie précaire et insalubre. Il se passionne pour les écrits de John Fante, d'Ernest Hemingway, d'Albert Camus et surtout, surtout, de sa référence ultime, Louis-Ferdinand Céline. A 25 ans, il part vivre pour New York, et retourne très tôt à Los Angeles, désabué et déprimé, songeant au suicide et arrêtant l'écriture. L'anne suivante, il rencontre Jane Baker dans un bar, une alcoolique dont il tombe amoureux et avec qui il s'établit. Les années passent, les boulots de merde se succèdent et il parvient enfin à faire publier quelques chroniques et quelques poèmes dans des revues underground, sans réussir à faire parler de lui vraiment. Il découvre les courses hippiques, dans lesquelles il claque le peu de fric qu'il a. A 36 ans, il quitte Jane : ils ne se supportent plus et leurs états de santé respectifs sont déplorables à cause de l'alcool. A cause d'un ulcère, Hank arrête l'alcool (provisoirement). Il épouse la rédactrice en chef d'une petite revue dans laquelle il publie des poèmes, mais la quitte au bout de 2 ans, ne supportant plus son tempérament. A la fin des années 50, il parvient enfin à se faire publier dans une revue d'importance (The Outsider), aux côtés de Jack Kerouac et d'Allen Ginsberg, qu'il admire profondément. Petit à petit, il se fait un nom dans le milieu, et fréquente certains cercles littéraires. Il fait également des lectures dans des universités, qui virent au chaos : il y récite autant de poèmes qu'il vocifère d'insultes. Il a une fille en 1964, Marina, à laquelle il se consacre pour lui éviter la vie de misère qu'il a connu. En 1969, son premier recueil de nouvelles paraît enfin : Journal d'un vieux dégueulasse. Il rencontre un succès d'estime et choque ses contemporains. En 1971, il publie le roman Le Postier, où il narre les aventures monotones d'un employé de la Poste (ce qu'il a été). Un nouveau recueil de nouvelles, Au sud de nulle part paraît en 1973 suivi du roman autobiographique Factotum en 1975. Il a une relation chaotique avec Linda King, parsemé de ruptures, de violences et d'engueulades. En 1976, il publie un nouveau recueil de nouvelles, les Contes de la Folie Ordinaire. Il rencontre un grand succès et propulse Bukowski sur le devans de la scène. La même année, il tombe amoureux de Linda Lee avec qui il emménage, une jeune hippie fascinée par la philosophie tibétaine. Hank publie Women en 1977, roman où il dépeint ses relations avec les femmes, parsemé de descriptions quasi-pornographiques. C'est un nouveau succès, mais il gaspille ses bénéfices dans des paris aux courses de chevaux. Il publie également un recueil de poèmes en deux parties, L'Amour est chien de l'Enfer. Cette même année, ses premières traductions paraîssent en Europe, en France notamment, et rencontrent un grand succès. En 1978, il accepte de se rendre à la très respectable émission télévisée Apostrophes de Bernard Pivot : il y apparaît ivre mort, finit par quitter le plateau sur demande de Pivot puis revient avec un couteau et s'en prend à un vigile. Son succès devient de plus en plus important en Europe, et certaines de ses oeuvres (Contes de la Folie Ordinaire, Factotum) sont adaptées au cinéma. Hnak profite enfin de sa célébrité dans les années 80, publie plusieurs romans et recueils (de poèmes et de nouvelles) -notamment Souvenirs d'un pas grand chose en 1982- et épouse Linda en 1985. En 1993, il apprend qu'il est atteint d'une leucémie. Il s'acharne alors à boucler un dernier roman, qu'il finit de justesse. Il décède le 9 mars 1994 en Californie, et son ultime roman est publié la même année sous le titre Pulp.
Chroniqueur d'un monde absurde et médiocre, maître de l'humour noir, provocateur sarcastique et poète errant et désespéré, Bukowski a marqué la littérature moderne d'une empreinte indélébile grâce à son style cru et ciselé, âpre et autobiographique, réaliste jusqu'à en être presque irréel.
Chroniqueur d'un monde absurde et médiocre, maître de l'humour noir, provocateur sarcastique et poète errant et désespéré, Bukowski a marqué la littérature moderne d'une empreinte indélébile grâce à son style cru et ciselé, âpre et autobiographique, réaliste jusqu'à en être presque irréel.