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    Nestor Makhno et l'insurrection libertaire en Ukraine

    TonyLibertaire
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    Nestor Makhno et l'insurrection libertaire en Ukraine Empty Nestor Makhno et l''insurrection libertaire en Ukraine

    Message  TonyLibertaire Jeu 21 Mai - 0:24

    Nestor Makhno et l'insurrection libertaire en Ukraine Makhno

    Né le 27 octobre 1889 à Houliaïpole en Ukraine dans une famille paysanne, Nestor Ivanovitch Makhno a passé son enfance dans la misère, son père étant mort alors qu'il n'avait qu'11 mois. Dès l'âge de 10 ans, le jeune Nestor doit quitter l'école pour travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. A 13 ans a lieu une révélation pour lui : ne supportant plus de voir un garçon d'écurie roué de coups par son maître, il va chercher un autre garçon d'écurie qui casse la gueule au patron. Tout les autres employés des écuries en profitent alors pour se venger du patron et lui réclament des comptes. Désormais, Makhno est convaincu que le peuple peut se venger des injustices et il s'intéresse de près aux luttes de ses ancêtres, les Cosaques.

    Il fait la connaissance d'un groupe de paysans anarcho-communistes en 1906 à Goulaï Polié. Alors que la répression tsariste bat son plein, Makhno se joint à ces paysans courageux qui risquent leurs vies pour distribuer des tracts et s'emparer des grandes propriétés qui leurs sont dues. Face à la terreur gouvernementale, la bande rebelle tente un attentat foiré contre l'Okhrana, la police secrète tsariste. Makhno et 13 de ses compagnons sont arrêtés, et il échappe de peu à la peine de mort grâce à son jeune âge : il est néammoins condamné à la prison à vie. C'est durant son long séjour au frais qu'il découvre les oeuvres de Kropotokine, qui devient désormais son maître à penser.

    9 ans plus tard éclate la Révolution Russe, et Makhno est libéré, ainsi que tout les opposants au tsarisme qui croulaient dans les geôles gouvernementales. Il retourne à Goulaï Polié et fonde l'Union des Paysans le 29 mars 1917, un soviet anarchiste. L'initative est imitée partout dans le pays, et en quelques semaines seulement l'Ukraine devient un territoire libertaire géré par des Communes ouvrières et paysannes : l'apprentissage de la démocratie se fait dans les villes et les campagnes. L'autogestion, la fraternité et l'égalité deviennent les mots d'ordre de cette société neuve et solidaire. De plus, Makhno décide d'imposer des peines très lourdes pour les responsables de pogroms (très courants à l'époque, l'antisémitisme était très répandu parmi la population). Cette prise de position courageuse lui vaut d'être toujours considéré comme un héros parmi la communauté juive ukrainienne, même de nos jours.

    Mais le 6 janvier 1918, la situation se dégrade: à Moscou, Lénine fait dissoudre l'Assemblée Constituante que les bolcheviks avaient organisés pour transformier l'ex-Empire Russe en une nouvelle société et les armées austro-hongroises en profitent pour pénétrer sur le territoire et menacer le régime révolutionnaire. Le 3 mars, l'ex-Empire est définitivement démantelé par l'accord de Brest-Litovsk par Trostky : les bolcheviks abandonnent l'Ukraine aux armées autrichiennes et allemandes. Les anarchistes s'insurgent et prennent les armes, lançant une guérilla contre l'occupant. Les allemands profitent de l'absence des troupes de Goulaï Polié (parties délivrer une ville plus importante) pour envahir celle-ci. Makhno s'installe à Tarangog pour organiser la résistance clandestine face à l'occupant. Il se rend ensuite à Moscou, où il est atterré par la passivité des théoriciens anarchistes russes. Il rencontre Lénine pour parler de la situation en Ukraine, et celui-ci lui propose de rejoindre les rangs des bolcheviks : Makhno, en désaccord avec les méthodes autoritaires du Parti, refuse cette proposition.

    Il retourne en Ukraine et fonde la Makhnovchtchina, une armée insurrectionnelle destinée à libérer le pays, en septembre 1918. Avec le drapeau noir pour symbole, cette armée libère une grande partie de la partie orientale du pays en moins de 3 mois, mal-entraînée et avec du matériel défectueux face aux puissances armées austro-allemandes. L'occupant bat en retraite, déjà mis en difficulté par sa situation à l'Ouest (défaite de la guerre 14-18). Mais point de repos pour Makhno et ses troupes : c'est désormais face aux Blancs menés par le général Denikine qu'ils vont devoir faire face (Lénine et Trotsky étaient déjà aux prises avec Denikine depuis 1917). Les hommes de Makhno viennent en aide aux bolcheviks à Ekatérinoslav : mais lors des combats de rue, les bolcheviks jouent double-jeu en essayant de s'emparer du pouvoir local: ils sont alors chassés par Makhno.

    Pillages, viols et exécutions sommaires se multiplient de la part des Blancs. Face à ces horreurs, de plus en plus de paysans rejoignent les troupes de Makhno. Face à la menace des Blancs, la Makhnovchtchina se joint finalement à l'Armée Rouge le 26 janvier 1919 : Lénine et Trotsky jubilent de l'arrivée de ce nouveau partenaire (qu'ils pensaient baisés par les austro-allemands) et qui permet de renverser le cours du conflit en mettant à mal Denikine (beaucoup d'historiens pensent que l'Armée Rouge n'aurait jamais pu tenir la Russie sans cette insurrection inattendue qui a frappé les Blancs là où ils s'y attendaient le moins). Néammoins, malgré l'efficacité de la guérilla ukrainienne contre les Armées Blanches, les bolcheviks ne distribuent les armes à la Makhnovchtchina qu'au compte-goutte, par méfiance envers les anarchistes. Brusquement, pour fortifier Moscou, les rouges abandonnent la Makhnovtchina à son sort. Les anarchistes ukrainiens se considèrent trahis et poursuivent seuls la lutte. Ils parviennent à finalement repousser les Blancs de leur territoire, non sans difficultés (problèmes d'approvisionnement, en armes notamment).

    Point noir de l'histoire : entre octobre et décembre 1919, ayant constaté que des communautés mennonites (religieux protestants) montagnardes et par ailleurs assez riches, mettaient à contribution leurs villages comme base arrière des Blancs, les troupes de Makhno vont lancer de violentes expéditions punitives qui vont se solder par des bains de sang terrible (à ce stade du conflit, les guérilleros ukrainiens étaient prêts à toutes les exactions pour voir enfin cette guerre s'achever).

    Lénine, inquiet de la puissance grandissante de l'insurrection libertaire, décide de faire déclarer hors-la-loi les combattants anarchistes et leur interdit toute activité. C'est donc désormais contre l'Armée Rouge que la Mahknovchtchiva doit lutter. Mais l'Ukraine est à bout de souffle. Ce troisième ennemi consécutif à vaincre, c'est vraiment de trop, même pour les vaillants guérilleros libertaires. De plus, le manque d'armes et de munitions n'arrange rien. Sans oublier la démoralisation et le désespoir d'en finir un jour avec ce conflit. C'est Trotsky lui même, à bord de son train blindé, qui conduit ses troupes en Ukraine pour combattre les insurgés.

    Mais en octobre 1920, une trêve a lieu entre les rouges et les noirs : l'Armée Blanche reprend du poil de la bête. Les troupes anars et cocos cessent de se combattre pour se concentrer contre leur ennemi commun. Lénine garantit même à Makhno de cesser la lutte anti-anarchiste. Nouveau mensonge : les bolcheviks trahissent une fois de plus les libertaires en 1921. Blessé lors d'un combat, Makhno quitte l'Ukraine en aout 1923, sur décision du Conseil de la Makhnovchtchiva (qui veut mettre son charismatique leader à l'abri). Il entame un exil semé d'embûches à travers l'Europe pour finalement s'établir en France, en espérant que cet exil soit provisoire. Finalement, pris en tenaille entre les dernières résistances Blanches et entre l'acharnement des troupes bolcheviques, la Makhnovchtchiva est progressivement démantelée entre 1922 et 1924, et les symathisants de Makhno sont immédiatement fusillés car étant jugés "contre-révolutionnaires".

    Makhno va désormais gagner sa vie en tant qu'ouvrier, jusqu'à la fin de ses jours, dans une situation économique précaire et dans l'oubli. Il fréquente des groupes d'anarchistes locaux et rédige quelques ouvrages critiques, avant de mourir à Paris le 25 juillet 1934, sans avoir le temps d'achever ses récits d'Ukraine. Il fut inhumé au Cimetière du Père-Lachaise.

      La date/heure actuelle est Dim 19 Mai - 19:34