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    La Beat Generation

    TonyLibertaire
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    Message  TonyLibertaire Dim 17 Mai - 0:29

    «La Beat Generation tenta de réveiller le corps et l'esprit: voyager sous tous les cieux, boire, se droguer, appeler Dieu ou le rejeter, abolir toutes les conventions, toutes les traditions, partir seul ou à plusieurs, rêver sa solitude, vivre son enthousiasme aussi bien que sa dépression, brûler sa vie jusqu'à se détruire. La leçon est donnée; sera-t-elle suivie par les générations futures? Il semble que les jeunes, nés après 1960, soient plus pragmatiques, donc plus traditionnels.
    Quoi qu'il en soit, la Beat Generation a gagné son pari sur le plan littéraire. "Nous serons de grands écrivains", s'étaient-ils promis. D'où une écriture libre, spontanée, sans aucune correction, par souci de coller à la vie sous tous ses aspects, à l'expérience, à l'émotion…»
    Henriette Jelinek

    Terme créé par Jack Kerouac en 1948 pour désigner le cercle littéraire qu'il a fondé avec ses amis Allen Ginsberg et William Burroughs, la Beat Generation désigne un mouvement culturel nord-américain majeur de la seconde moitié du XXème siècle.

    Replongeons-nous dans le contexte : la Seconde Guerre Mondiale vient de s'achever, les cicatrices sont encore grandes ouvertes. L'Humanité toute entière prend peu à peu conscience que la barbarie humaine n'a jamais été aussi loin (génocide des juifs, grandes villes rayées de la carte en une fraction de seconde par l'arme atomique,...) et, avant qu'elle n'ai le temps de panser ses blessures, la Guerre Froide naît de la rivalité des USA et de l'URSS. On craint qu'un nouveau conflit se prépare. Un conflit nucléaire. Dans ce monde au bord de la folie, la censure et les conventions règnent, la conformisme et l'unformité sont la règle. L'URSS cherche à imposer à une partie du monde son modèle, alors les USA font de même : le rêve de l'American Way Of Life bat son plein, en parallèle avec la naissance de la société de consommation, arme ultime du capitalisme.

    Dans cette époque de dangers où la peur est instrumentaliée et les libre-penseurs soupçonnés d'être des communistes (et donc mis au banc de la société, voire emprisonnés durant le mac-carthysme), des jeunes gens se sont élevés contre le conformisme et les éternels et fastidieux appels à la prudence (histoire de bien conditionner la population à grands coups de délires paranoïaques) et ont revendiqué la droit à la jouissance : et ce dès la fin des années 40, bien avant que ce genre de revendication contaminent la jeunesse occidentale dans son ensemble (ce qui éclatera en 1968).

    Tout d'abord, que signifie "Beat Generation"? "Beat", dans le vieux jargon américain, a des sens divers : foutu, déprimé, dégoûté. De plus, le beat désigne une mesure de jazz et signifie "pulsation" dans le language jazzy, or les beatnicks étaient férus du jazz be-bop d'après-guerre.

    Les beatnicks ne se reconnaissaient plus dans la société américaine. Une société où tout fous l'camp, où les vieilles valeurs traditionnelles n'existent plus que pour masquer avec hypocrisie la barbarie d'un monde et où il est désormais possible d'engendrer des destructions totales en un battement de cil. D'autres facteurs, comme l'intolérance ambiante, le manque d'ouverture d'esprit généralisé et la ségrégation raciale poussent les beatnicks à un rejet total de l'Amérique puritaine. L'Amérique que les beatnicks aiment, c'est l'Amérique sauvage, celle des grands espaces (décrit avec force et amour par Kerouac dans Sur la route), celle des ruelles jalonnées de bars où, la nuit tombée, le jazz et l'alcool coulent à flots et où les jolies filles ne font pas tant de manières la nuit. Les beatnicks crachent sur les normes et sur l'uniformité, ils n'ont qu'un désir, vivre leur vie à fond. Et pour atteindre ce but, tout les moyens sont bons : ils brisent les tabous sur le sexe, boivent en quantité, vagabondent à travers le pays sans un sou en poche, expérimentent les drogues et l'homosexualité, s'intéressent à la spiritualité (au bouddhisme et à l'animisme notamment), font la fête toute la nuit, apprennent à tirer profit du calme rédempteur et de la solitude bénéfique ou mènent une vie collective trépidante.

    Cette horde d'écrivains et de poètes avides d'évasion et de nouvelles expériences élaborent un style d'écriture qui leur est propre : libre, spontané, débarrassé des normes. La Beat Generation fait parler d'elle pour la première fois en 1955, lorsque qu'Allen Ginsberg est poursuivi en justice pour "obscénité" après une lecture publique de son long et magnifique poème contestataire Howl. Les rumeurs enflent, on parle d'un nouveau mouvement se développant, dont les graines sont colportées aux quatre coins du pays par les beatnicks, éternels voyageurs, ces "clochards célestes". En 1957, la Beat Generation se fait connaître au monde entier : publication de Sur la route, critiques enthousiastes, succès colossal, jeunesse conquise. Les dés sont jetés, un frémissement parcoure toute l'échine de l'Occident, qui sera secoué dans la décennie suivante par l'explosion de la culture rock (fortement influencée par les beatnicks), la libération sexuelle et l'agitation sociale de 1968.

    Bohémiens mystiques ou anarchistes réalistes, le moteur des beatnicks est avant tout leur mal de vivre (il faut d'ailleurs leur reconnaître un penchant certain pour l'autodestruction). Ils se sentent déplacé dans un monde bureaucratique, formaté et ultra-hiérarchisé. Leurs utopies rêveuses et leurs idéaux libertaires n'ont pas leur place dans le monde "sérieux", dans l'Amérique qui bosse dure pour arriver à joindre les deux bouts. Les beatnicks, qu'ils soient issus de familles bourgeoises (comme William Burroughs) ou de milieux très miséreux (comme Neal Cassady, immortalisé par Kerouac sous le nom de Dean Mortiarty), partagent ce mal-être, ce sentiment de ne pas être à sa place dans la société dominée par l'argent : une sorte de "mal du siècle", d'une certaine façon. D'où ce goût si prononcé pour l'errance et les modes de vie marginaux.

    La Beat Generation est loin d'être une caste littéraire uniformisée, elle est au contraire d'un grande richesse et d'une grande diversité. Par exemple, Jack Kerouac voulait s'échapper de la société grâce à une sorte de quête spirituelle, son errance était une éternelle recherche de la Vérité et d'une vie meilleure. Allen Ginsberg, lui, était très proche des mouvements sociaux et était un agitateur politique. William Burroughs voulait échapper au cauchemar urbain du XXème siècle à travers de délirantes orgies homosexuelles sous influence de l'héroïne (relaté sous forme d'une écriture apocalyptique destructurant totalement la littérature) tandis que Charles Bukowski, lui, ne cherchait pas à changer quoi que ce soit : il se contentait de montrer sa vie et son quotidien, dans des récits orduriers traitant de misère, de jobs de merde, d'alcool et de sexe.

    Oeuvres phares de la Beat Generation :

    Howl d'Allen Ginsberg (1955)
    The vestal lady on brattle and other poems de Gregory Corso (1955)
    Sur la route de Jack Kerouac (1957)
    Coney Island of the mind de Lawrence Ferlinghetti (1958)
    Les clochards célestes de Jack Kerouac (1958)
    Le festin nu de William Burroughs (1959)
    Kaddish d'Allen Ginsberg (1961)
    La machine molle de William Burroughs (1968)
    Journal d'un vieux dégueulasse de Charles Bukowski (1969)
    Contes de la folie ordinaire de Charles Bukowski (1976)
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    La Beat Generation Empty Re: La Beat Generation

    Message  Vilyoom Lun 18 Mai - 14:12

    Article très intéressant et bien documenté. Un véritable mouvement littéraire totalement atypique. Personellement, j'avoue que Sur la route me tenterait bien Very Happy
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    KateMilkin


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    La Beat Generation Empty Re: La Beat Generation

    Message  KateMilkin Lun 15 Déc - 13:27

    Bonjour,

    Je suis actuellement étudiante en édition. J'ai découvert la Beat Generation il y a quelques années et j'adore. Je suis passionnée. Leurs livres abordent des sujets qui m’intéressent beaucoup en général...(je n'ai pas encore tout lu)

    J'ai donc décidé d'écrire (en prenant mon temps parce que avec les cours et tout ce n'est pas facile) un dossier (du style d'une thèse) sur la Beat Generation. J'ai déjà un plan.

    Je souhaite faire ça pour le plaisir, ne pas se prendre la tête. ça peut prendre des mois comme des années

    Merci

    Kate M.

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