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Je m'égare dans un vallon verdoyant. Le ciel est bleu, relativement peu de nuages. Je suis souriant, confiant. Tout va bien. Joie, bonheur, ensoleillement et espoir. J'avance tranquillement. Mais j'ai oublié de fermer les yeux, bordel, j'ai oublié de fermer les yeux. Tu es là. Je t'avais presque oublié. Je t'ai conspué, piétiné, puis fait disparaître dans un coin de mon crâne, me convaincant que je ne t'ai jamais aimé, oublié tout ces rêves que j'ai fait à ton sujet. Oublié, oublié, oublié. Mais tu es de nouveau là. Tu te dresses, souriant, ravi de ton petit effet. Dans le fond, tu ignores tout. On a continué nos vies, mec. Chacun de notre côté. T'as jamais su, même moi je ne savais pas trop. T'as toujours été sûr de toi, beaucoup trop, t'as avancé sans regarder en arrière, tandis que moi je me noyé dans des océans gris et agités. Je me suis aggripé à une bouée, la Passion, et j'ai tenu le coup. Je me suis agrippé de toutes mes forces, et là une marée soudaine m'a portée sur le rivage. J'aurais pu m'échouer sur les Rivages de la Mort, mon corps brisé sur les récifs, mes larmes se mêlant à mon sang se diluant dans l'eau salée, se diluant dans l'oubli, à jamais. Mais je me suis réveillé sur un lit de sable chaud, le chant des mouettes retentissant dans les cieux, une petite brise rafraîchissant mon visage. J'ai ouvert les yeux, vite endoloris par la lumière. Je me suis levé, lentement mais sûrement, et me suis enfin redressé, nu. J'ai cessé de me trouver laid et me suis avancé vers les terres, ragaillardi. J'ai laissé derrière moi le malheur et j'ai goûté au bonheur, enfin. Le vent a emporté mes souvenirs de toi, et j'ai doucement fermé les yeux. Mais maintenant, mes certitudes se sont effondrées comme un château de cartes. Je t'ai revu, oh non, je t'ai revu. Ton souvenir me hante, ton regard m'obsède, ton sourire me fascine. Je suis comme hypnotisé face à ton image. Je t'aime autant que je te hais, tu m'attires autant que tu me répugnes. Tu n'es pas mon idéal, vas t'en ! tu es un cauchemar. Un cauchemar qui me dévore le coeur, le cerveau, l'âme, les tripes. Je t'aime mais je ne puis que te haïr. Tu es ma contradiction, tu es mon paradoxe, tu es mon Démon. Et tu l'ignores. Et tu ne voudrais même pas le savoir. Tu es le symbole même de ce que j'ai tenté de fuir désespérément ces dernières années. D'oublier. J'avais enfin ce que je voulais, j'avais bâti un navire sur lequel je pouvais prendre la mer sans être balloté par celle ci, et tel un monstrueux Léviathan tu as percé sa coque. Hors de ma vue ! Tu ne m'auras pas, tu ne me démoliras pas. Je sais que je ne t'aurais jamais, je sais que je ne pourrais jamais ni t'embrasser ni t'enlacer ni m'envoyer en l'air avec toi. Ces fantasmes-là resteront des fantasmes. Alors casses-toi, loin, très loin de moi ! Tu n'est qu'un diablotin, un trouble-fait, un esprit frappeur ! Certes, le plus séduisant et le plus bandant des diablotins. Mais je ne veux plus me laisser déstabiliser. J'ai pris conscience de l'horreur, que tu fus le premier. Oui, le premier. Je n'ai jamais pu l'accepter auparavant, j'ai réussi à me persuader moi-même que c'était faux. Maintenant, la vérité a resurgit, et comme souvent, elle est laide. On n'oublit jamais un premier amour dit-on. Quelle tristesse. J'ai toujours eu le rêve profondément enfoui que dans un autre monde, tu serais quelqu'un de bien, un mec cool, que j'aimerais et qui m'aimerais. Ce n'est pas le cas, tu es une ordure. Alors, adieu. Je suis incapable de te souhaiter du mal, alors bonne continuation.
Et va te faire foutre.
Et va te faire foutre.
